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Le largonji du Louchébem

Nous sommes dans l’univers des bouchers parisiens.

Tout dans le restaurant Le Louchébem nous rappelle cette époque où les Halles étaient encore les Halles.

 

Le louchébem ou loucherbem, dans son nom complet largonji des louchébems (« jargon des bouchers »), désigne l’argot des bouchers parisiens et lyonnais de la première moitié du XIXe siècle. Le louchébem reste de nos jours connu et usité dans cet univers professionnel.

 

“Dans le temps, c’était couramment qu’un latronpuch larlépem largomuche à ses larsonkesse qui l’écoutaient comme des lonkesses (cons)”.  

 

Les mots existants sont “camouflés” et modifiés selon une règle qui paraît très simple : la première consomne du mot est remplacée par un l, et reportée  à la fin du mot, suivie d’un suffixe qui est le plus en ou ème, mais qui peut être sé,esse,ji,ik, uche,ok ou même tout simplement une voyelle le plus souvent é. Ainsi, sac  devient lacsé, b-oucher en l-oucher-b-em, j-argon en l-argon-j-i, monsieur : leusieumik, chef : lefchok, toi : louaté….   

Le but est de se rendre incompréhensible.   

A l’origine le largongi était un des langages à clés de la petite pègre parisienne.

Les abattoirs de la Villette, inaugurés en 1867, vont donner une seconde vie au largonji: les mauvais garçons recrutés dans le quartier pour le métier ingrat de tueur vont apprendre leur mystérieux langage aux apprentis bouchers venus de toutes les provinces, qui le diffuseront ensuite en retournant s’établir au pays.

 

“Les abattoirs de la Villette, c’était l’Académie française du louchébem”, résume David Alliot, fils de boucher (“Larpez-vous louchébem ?”, 2009 éditions Horay).  

 

Le Louchébem    

A première vue tous les mots devraient commencer par la lettre L. Mais c’est plus compliqué.Les suffixes sont au choix : ainsi  “patron” se dit indiffféremment “latronpem, latronpatte” ou “latonpuche”, une femme est une “lamfé”, mais aussi une “lemmefluche” ou une “lemmefoque”.
Le louchébem marche à la sonorité. En général, si la première lettre ne plaît pas ou ne sonne pas bien, on prend la syllabe. Exemple: prix. Si on devait appliquer la règle, on devrait écrire “lripem”. Mais comme le louchébem est exclusivement oral, on dit “liprem”. Quant aux mots qui commencent déjà par un l, on leur applique la règle – les “longes” deviennent les “longeluques” ou bien on se contente de leur donner un suffixe: le “lingue” – (couteau) se dit alors “linguem”.

 

L’argot des bouchers, c’est aussi un jargon professionnel foisonnant, dans lequel un asticot est un apprenti vif et remuant, une belle-mère une scie et le pache un taureau (par altération de pache, qui règne sur un harem).

 

“Enfin, le louchébem a la particularité d’allonger les mots les plus simples: “louivème” pour oui, “loimique” pour moi, “luctrème” pour truc, ce qui achève de le rendre hermétique aux non-initiés. Parlé vite, compliqué à dessein par des vocables à double sens, il est passé rapidement des abattoirs à la boucherie de détail, parce qu’il permettair de communiquer sans être compris de la clientèle.

 Ce qui autorisait quelques arrangements avec la morale. On laisse toujours un peu de “lagrem” (gras) au “lonqué” (un con, un client désagréable), on vend du “hotu” (viande de mauvaise qualité) à la “loirpem” (la poire, un ahuri), mais on est “lonbem” (bon) avec la “louettechem”: une chouette cliente, à ne surtout pas confondre avec une “crevette”, qui est au contraire un client grincheux”.

 

Cet argot est encore en vigieur dans les boucheries parisiennes. Le truc est de parler vite, ce qui rend le langage encore plus incompréhensible des non initiés.

 

Cette langue était aussi beaucoup parlée aux Halles, où se trouvait la plus grande concentration de bouchers.

c’est un parler typiquement parisien, qui devait rester secret.

“Le louch’bem, c’est des trucs, faut garder ça entre nous.Parc’qu’après, tout l’monde va parler largomuche du louchébem et nous, on sera comme des lonkesses. Ca va pas, ça fait désordre.”   

 

Loucherbem Raymond Queneau
Un lourjingue vers lidimège sur la lateformeplic arrière d’un lobustotem, je gaffe un lypètinge avec un long loukem et un lapeauchard entouré d’un lalongif au lieu de lubanrogue. Soudain il se met à lenlèguer son loisinvé parce qu’il lui larchemait sur les miépouilles. Mais pas lavèbre il se trissa vers une lacepème lidévée.
Plus tard je le gaffe devant la laregame Laintsoin Lazarelouille avec un lypetogue dans son lenregome qui lui donnait des lonseilcons à propos d’un loutonbé.   

 

Le narrateur rencontre, dans un bus, un jeune homme au long cou, coiffé d’un chapeau orné d’une tresse au lieu d’un ruban ; Le jeune homme change quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s’asseoir à une place devenue libre. Un peu plus tard, le narrateur rencontre le même jeune homme en grande conversation avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.

 

Tout le monde parle un peu le largonji du louchébem : loufoque, loufiah, …

 

Ici les patrons parlent le largomuche; selon un de mes collègues, certains  larsonkesse larlépem le largomuche. Mais chut, ces choses là ne se disent pas!

 
http://www.oasisfle.com/
http://www.persee.fr/
http://www.e-dition.net/franco/louchebem_4.html

 

Messieurs, j’ai pris la liberté de publier la photo, exceptionnellement; si vous souhaitez que je la retire, pas de problème. 

 

27 commentaires pour “Le largonji du Louchébem”

  1. Chère Francine,
    merci pour cet article très intéressant. J’aimerais en savoir plus sur ce langage secret et serais très reconnaissante, si vous pouviez me contactez par email. Peut-être que vous connaissez actuellement des bouchers parlant le louchébem… Merci à vous.

  2. Bonjour Francine,
    Grâce à toi on en sait un peu plus sur cet argot! Mais ça reste toujours aussi hermétique dans mon petit esprit :-)))
    Amitiés, Frans

  3. bonjour francine ,hé oui, ça ne devait pas être évident en plus ils devaient bien en rire parfois , j’ai des livrets d’espéranto , et beaucoup de régions ont leur langage , celui d Nord c’est le mieux !!!!!bonne après midi, bisous

  4. tu parles l’argot des boucher…pas facile …j’avais du monde hier , pas le temps de mettre des photos …..TOUJOURS dans la même brouillasse, quand verrons nous enfin un soleil qui dure….Pas de photos comme tu l’imagines….bisous.

  5. Hello Francine
    Dans mon dernier voyage au Maroc en 2009 , je constatais 20 ans apres mon premier sejour dans ce pays du Maghreb que les etals de viande à l’air libre des boucheries de rue etaient toujours d’actualité ! Evidemment , on se demande comment ils n’attrapent pas plus de maladies ou d’intoxication alimentaire ?
    On oublie parfois que chez nous , il n’y a pas toujours eu les normes comme aujpourd’hui pour la chaine du froid … et nos ancetres ne s’en portait pas plus mal ?
    bisous
    pat

  6. j’ai partagé ton article, je pense que peu connaisse cet argot , j’avais un copain sur Evreux qui le parlait très bien, je me suis contentée du verlan, c’est déjà assez dur comme ça ..
    sympa ton article !!!

  7. j ai connu un boucher qui tenat un étal dans mon village
    il le parlait ce jargon d ailleurs il nous en faisait profiter et il en était fier
    ayant appris son métier à la villette
    il existe un livre qu il m avait prété mais je ne m en souviens plus du titre
    merci pour toute ces belles photos
    bises Francine
    kénavo

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